Comprendre l’Afrique du Sud

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L'histoire d'une nation arc en ciel

Introduction

 

Pour comprendre la situation actuelle en Afrique du Sud, il faut commencer par se replonger dans l’histoire et poser quelques réflexions.

Avant il faut rappeler que je ne suis ni un historien ni un journaliste, je vais donc exposer l’histoire telle qu’elle est communément acceptée et telle qu’on la raconte ici. Le but de cet article est d’informer les futurs voyageurs.

Eh oui, dans les guides de voyages, on est rarement prévenu que le mode de vie et de pensée est très différent de celui qu’on connait en Europe. On peut donc être surpris voire choqué de ce que l’on voit ici.

 

 

Commençons par le commencement

 

Des ossements d’australopithèques ont été trouvés en Afrique du Sud et ils remontent à 3 millions d’années. En comparaison en France : les plus vieux trouvés remontent à 400 000 ans.

Mais les premiers hommes d’Afrique du Sud sont les Hottentot ou Bushmen, on traduit par hommes de la brousse. Ils sont apparus dans cette région d’Afrique il y a plus de 20 000 ans. C’est un peuple de chasseur et encore aujourd’hui vous verrez des bushmen travailler pour des lodges car ils sont d’inégalables pisteurs d’animaux !

Avançons dans l’histoire jusqu’au 15eme siècle avec l’arrivée des européens en Afrique du Sud. Les premiers à arriver étaient les Portugais en 1488. Ils s’arrêtent à la ville du Cap qui constitue une étape sur la route vers les Indes. Il n’y avait pas encore le canal de Suez donc il fallait faire tout le tour de l’Afrique !

Mais les premiers européens à vraiment s’installer et coloniser la région du Cap de Bonne espérance sont les Hollandais en 1652. Ils s’étendent jusqu’à Stellenbosch.

Fin 17eme siècle, des protestants huguenots fuient la France après la révocation de l’Edit de Nantes et ils se réfugient en Hollande notamment. C’est ainsi qu’environ 200 huguenots sont ensuite envoyés en Afrique du Sud et ils emmènent avec eux un savoir-faire, celui de la vigne. C’est pour ça qu’il y a du vin en Afrique du Sud et c’est aussi pour ça qu’ici on retrouve ici des noms de famille comme De Villiers, Du toit, Du Plessis.

Les Hollandais ont besoin de main d’œuvre au 17eme siècle et font venir des esclaves asiatiques et malgaches, mais aussi des chefs musulmans de Malaisie qu’on appelle les Malais. D’où le nom de quartier malais ou Boo Kap à Cape Town.

Une dizaine d’année avant l’arrivée des Hollandais, les Xhosas, un peuple d’Afrique centrale s’installent sur la côte sud est vers l’actuelle ville de Grahamstown.

 

 

Au 18ème siècle

 

Les fermiers descendants d’Hollandais qu’on appelle encore aujourd’hui, les Boers ou les Afrikaners, s’éloignent de la ville du Cap pour arrêter de dépendre de la compagnie des Indes. Oui, celle de Pirates de caraïbes. La compagnie des Indes les oblige à vendre leurs récoltes uniquement à eux et à un prix trop faible. Ces fermiers Boers quittent donc le sud-ouest et partent en caravane vers l’Est, c’est ce qu’on appelle le TrekBokkers.

En avançant vers l’est, ils tombent sur les Xhosas. Au début le contact est calme et se limite au troc. Mais assez vite des conflits se créent car les uns et les autres étendent leur terre et en 1779 éclate la première « guerre cafre ».

Début le 18eme siècle, une vague de colons allemands arrive sur le pays et en 1795 que les Anglais débarquent. Ils colonisent le Cap et reprennent la colonie aux Hollandais au début du 19e siècle.

 

 

Au 19ème siècle

 

Au début du 19ème siècle commence la guerre entre les Xhosas et les Anglais.

Et justement, les Anglais veulent reprendre les territoires Boers autour du Cap.  Les anglais créent les tous premiers droits de ceux qu’ils appelaient les « non-blancs ». Ce ne sont pas que des semblants de droits, mais ça suffit pour énerver les Boers qui considéraient les noirs et les métisses comme inaptes à ne serait-ce que recevoir un enseignement.

Ce sont donc les premiers conflits entre les Boers et les Anglais. En 1833 : l’esclavage est aboli et les Boers quittent la région du cap. Ils franchissent la région du fleuve orange avant de rejoindre la région du Natal pour certains et la région du Transvaal pour d’autres.

C’est ce qu’on appelle le Grand Trek. Ces territoires sont occupés par des peuples africains comme par exemple les Ndebele (peuple de Zoulous). Les combats sont assez faciles pour les Boers : et oui, un combat entre des arcs et des flèches d’un côté et des fusils de l’autre… c’est pas tellement équilibré.

Le 19eme siècle c’est un siècle important pour les Zoulous, qui sont issus des peuples Bantu (qui viennent à la base du centre est de l’Afrique). Eux ils sont présents vers la côte Est du Pays : une région qu’on appelle aujourd’hui le Kwazulu Natal. Et la personnalité zouloue très importante de l’époque c’est King Shaka.

Shaka, le fils illégitime d’un chef de clan zoulou qui regroupa une petite armée de 1500 hommes en 1816 qui atteindra jusqu’à 50 000 hommes. Shaka fait régner la terreur en attaquant, pillant et brûlant les terres des populations africaines voisines. Les guerriers zoulous sont redoutables, par exemple, un guerrier ne peut pas se marier tant qu’il n’a pas tué un ennemi au corps à corps.

Plus tard les Boers qui continuent à avancer vers l’est (le Grand Trek) tombent sur les zoulous. De nombreux conflits très violents éclatent mais les Boers gagnent la bataille de Blood River près de la rivière Ncome en 1838.

Les Boers créent un état indépendant la république de Natalia et une paix timide s’installe entre zoulous et fermiers Boers.

Fin 19eme : les anglais découvrent des mines d’or dans le Transvaal et le Natal (région des Boers et des Zoulous) et vous vous en doutez, ils partent à l’attaque à leur tour.

Ils commencent par récupérer après de longues batailles la partie Zouloue du Natal en 1879.

Avant de s’attaquer à l’état indépendant des Boers : et c’est en 1899 que commence la guerre des Boers.

 

 

Début du 20e siècle

 

Pendant la guerre, les anglais s’enragent contre les Boers : ils brûlent leurs récoltes et créent des camps de concentration pour les serviteurs de couleurs. Bilan : 30 000 Boers blancs et 20 000 africains noirs sont tués.

La guerre des Boers durera trois ans jusqu’en 1902. Au final ce sont les anglais qui gagnent. 80 000 Boers contre 400 000 anglais : ils ont quand même tenus 3 ans.

La paix est signée mais les Boers conservent une énorme rancœur contre les anglais. Rancœur que j’ai pu observer pendant la finale de la coupe du monde !

En 1910 Les anglais créent l’Union Sud-Africaine : ils incluent les afrikaners (les Boers) dans les négociations mais pas les noirs. Et pourtant, à cette époque le pays compte 4 millions de noirs, 1,3 millions de blancs, 500.000 métis et 150 000 indiens (venus fin 19eme pour cultiver la canne à sucre).

En 1911 est appliquée la loi du « Coulour Bar » qui réserve les emplois qualifiés aux blancs.

En 1923 c’est la loir du « Native Urban Areas » qui interdit aux noirs de vivre à l’intérieur des villes.

Les noirs se sentent alors étranger dans leur propre pays et créent le South African National Congres qui se renommera plus tard l’African National Congress (ANC). C’est le premier parti politique d’Afrique du Sud en tête des élections encore aujourd’hui.

Et le premier objectif du parti à l’époque : en 1923 c’est d’arrêter les conflits entre les différents peuples africains du pays. Et oui, il y avait encore des conflits extrêmement violents entre par exemple les Xhosas et les Fingo ou entre les Zoulous et les Tonga.

La volonté de l’ANC c’est de créer un seul peuple uni !

Pendant les années 30 les lois racistes se durcissent : c’est le principe de l’Afrikanerdorm : affirmer la supériorité des blancs de langue Afrikaners (langue qui vient du Hollandais)

 

 

La 2ème guerre mondiale

 

Juste avant la guerre, un parti nationaliste blanc apparaît en Afrique du Sud, copiant le modèle Nazi et défilant même dans les rues à la gloire d’Afrique du Sud.

Mais l’Afrique du Sud finit par rejoindre le common Wealth et combat les Allemands  en Afrique du Nord, en Italie et au débarquement de Normandie.

Après la guerre : Daniel Malan (premier ministre) continue les lois racistes et définis trois races : les blancs, les noirs et les métisses.

Le système d’Appartheid se peaufine.

L’ANC ne veut pas se laisser faire et se renforce en nommant à sa tête trois militants :

SISULU, TAMBO et un certain Nelson MANDELA. C’est le début d’un long chemin vers la liberté.

 

 

Les années 60

 

Un nouveau mouvement est créé : le mouvement anti apartheid. Ce dernier permet d’attirer l’attention de l’opinion internationale sur la situation terrible de l’Afrique du Sud.

L’ANC lance des mouvements de grève et de boycott non violent avant que le parti soit simplement interdit en 1958. Mandela devient alors clandestin et créé une organisation militaire : la Lance de la nation qui organise des attentats à la bombe.

 

 

Les années 70

 

En 1963 : Nelson Mandela est arrêté et est condamné à la prison à vie.

De grands conflits apparaissent pendant les années 70 notamment en 76 où des écoliers de Soweto près de Johannesburg se révoltent en refusant l’enseignement en Afrikaans. Pour eux cette langue symbolise la servitude aux mètres blancs du pays. Des centaines de personnes seront tués et des milliers arrêtés à la suite de cet événement.

 

 

Les années 80

 

Nouveau premier ministre au pouvoir : Pieter Botha qui semble plus modéré.
L’apartheid s’assouplit légèrement  mais est toujours  en place.
L’Afrique du Sud a aussi de nombreux conflits à extérieure. La guerre contre le communisme en Angola, bombardement des camps de l’ANC au Botswana, en Zambie, au Zimbabwe.

En 1988, Dulcie September qui est la représentante de l’ANC en France sera assassinée en plein Paris. On ne connait toujours pas l’identité de son meurtrier.

Les sanctions économiques contre l’Afrique du Sud se durcissent fortement.

Un nouveau président est élu en 1989 : Frederik de Klerk et en février 90 Mandela est libéré.

 

 

Les années 90

 

En 1991, toutes les lois de l’apartheid sont levées. Les sanctions économiques contre l’Afrique du Sud aussi. Cependant il les Sud Africains noirs n’ont toujours pas le droit de voter.
C’est en 1994 que les noirs peuvent enfin voter aux élections présidentielles.

L’ANC remporte les éléctions avec 62% des voix et Nelson Mandela aussi connu sous le nom de Magic Madiba devient le premier président noir d’Afrique du Sud le 27 avril 1994. C’est ce qu’on appelle le freedom day.

C’est la mise en place d’un nouvel hymne, d’un nouveau drapeau, en clair d’une nouvelle Afrique du Sud !

En 1992 : c’est Thabo Mhebki qui succède à Mandela puis Jacob Zuma en 2009.

Zuma enchaine les scandales de corruption. A telle point que l’ANC l’ordonne de démissionner, chose qu’il fera en février 2018.

Cyril Ramaphosa le remplacera est sera réélu le 22 mai 2019.

 

 

Conclusion 

 

FOU ! Voilà ! Comme vous pouvez le constater l’histoire de l’Afrique du Sud est riche, compliqué et unique ! Il est important de retenir que depuis 6 siècles l’Afrique du Sud abrite de nombreuses populations différentes. Depuis le début le pays est rythmé de conflits entre ces populations et ça ne peut pas seulement se résumer à une « guerre entre les blancs et les noirs ».

Aujourd’hui, le pays est en paix et fait coexister des dizaines de communautés différentes malgré des années et des années de conflits. C’est beau !

Dans l’ensemble les Sud Africains arrivent à vivre ensemble et sont dans la grande majorité très respectueux des autres populations. Mais les communautés ne se mélangent pas. Ici, si on est Afrikaners par exemple : on parle afrikaans, on se marie avec un ou une afrikaners, on traîne avec des afrikaners. Après évidemment il y a des exceptions comme au rugby par exemple.

L’Afrique du Sud c’est quand même un cas spécial quand on y pense !

Un pays avec autant de communautés, de langues et de culture différentes unies sous un même drapeau. Je ne sais pas si l’objectif de l’Afrique du sud c’est d’arriver à homogénéiser tout ça.

Les mariages mixtes ne sont pas encore acceptés ou sont mal vus. Il suffit d’aller dans un bar ou dans un restaurant pour se rendre compte que les tables ne sont pas très mélangées.

Mais ce sera peut-être toujours le cas ici : un pays où différentes populations coexistent dans la paix mais ne mélangent pas. L’avantage de cette situation c’est que les communautés restent très forte : pas de mélange, les petits enfants continuent à parler la langue maternelle en plus de l’anglais.

Alors, est-ce devenu la nation arc en ciel tant voulue par Nelson Mandela ? 

On pourrait dire de l’Afrique du sud que c’est un arc en ciel : des communautés qui ne se ressemblent pas mais se respecte assez pour vivre et travailler les unes avec les autres. Si on y réfléchit bien c’est ça un arc en ciel ! Une variété de couleur différentes et bien distinctes, pas un mélange !

Je vous laisse réfléchir sur ça et partager vos opinions dans les commentaires.

Cette volonté c’est aussi l’objectif en Europe : Faire coexister des pays très différents tout en conservant les spécificités de chacun !

 

Comprendre l'Afrique du Sud

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Lettre à Nelson Mandela – Frederik Willem de Klerk

 

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Comprendre l'Afrique du Sud

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Un long chemin vers la liberté – Nelson Mandela

 

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Le résumé en vidéo : 

 

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